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"Don't Worry Darling" (2022) : Le rêve américain revisité par Olivia Wilde

Dernière mise à jour : 1 août

"Don't Worry Darling" nous transporte dans les années 50, au cœur d'une communauté qui est le rêve de l’homme hétéro. Chaque homme, ingénieur de projet, part travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Ils vivent dans de charmantes villas alignées style "Desperate Housewives", chacune avec sa piscine, entourées d’amis et de collègues avec lesquels ils font la fête jusqu'au bout de la nuit, l'alcool coulant à flots.


L’épouse, sans autre famille, va à la danse avec ses amies, se fait belle, fais le ménage, prépare un excellent souper pour le retour de son mari. Femme sublime que l’on peut prendre sur la table de la salle à manger à son retour de travail, tout est organisé, parfaitement décoré, tout est réussite et performance.


C’est la vie d’une jolie petite femme dévouée à son mari. Pas d’autre famille, pas d’éléments perturbateurs, éventuellement des enfants et encore.


La photo ci-dessous, démontrant la qualité photographique du film, illustre parfaitement le style de vie parfait pour l'homme hétéro des années 60.


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Image tirée de “Don’t Worry Darling” (2022), © Warner Bros. Pictures – Tous droits réservés.


Le film se distingue par ses décors intérieurs méticuleusement soignés (plus d'infos-ici), et ses paysages extérieurs capturés à des lieux emblématiques comme le lotissement de "Canyon View Estates" à Palm Springs et les environs du désert de Mojave, incluant des sites comme la "Kaufmann Desert House". (Plus d'infos sur la Villa - ici)

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Image tirée de “Don’t Worry Darling” (2022), © Warner Bros. Pictures – Tous droits réservés.


La mise en scène est d'une précision millimétrée, chaque cadre est pensé comme savent le faire les américains, rien n'est laissé au hasard. C’est tout ce que vous ne verrez pas dans un film français et plus généralement européen.


Olivia Wilde, réalisatrice de ce thriller psychologique, égratigne cette vision patriarcale de la soumission de la femme au profit de l’homme qui sait ce qui est bon pour elle. Et ce qui est bon pour la femme, c’est de servir son homme, d’en être l’accessoire. Au mieux d'être sous son contrôle, comme l'indique clairement le titre paternaliste du film " Ne t'inquiète pas, chérie".


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Olivia Wilde, également actrice renommée révélée par la série "Dr House", démontre ici son talent de réalisatrice. Le casting, soigneusement choisi, est mené par Florence Pugh, qui livre une performance remarquable aux côtés de Harry Styles et Chris Pine. On pense à la fameuse scène du dîner qui tourne à l’affrontement où Florence Pugh passe d’accusatrice à accusée.


La bande-son originale de John Powell, passant de la légèreté insouciante des années 50 à une ambiance sonore oppressive, renforce le malaise sous-jacent.


Olivia Wilde lors du CES 2011, © Nan Palmero via Wikimedia Commons, licence CC BY 2.0.


Ce cadre idyllique, paradis pour l'homme hétéro, est progressivement remis en question par une femme, Alice, dont le prénom n'est évidemment pas anodin. Comme une nouvelle Ève qui cueille la pomme, Alice commence à se poser des questions, ébranlant la perfection de ce petit train de vie que personne ne veut remettre en cause.


La réalisatrice joue sur le contraste entre le lotissement parfaitement organisé de maisons colorées et le vide du désert environnant. Comme la scène de l'œuf vide, tout semble parfait à l'extérieur, mais ne contient rien. Alice se demande si sa vie et celles de ses amis sont réellement aussi parfaites. Des souvenirs refont surface, suggérant la manipulation et l'enfermement dans une secte sous la houlette d'un gourou mystérieux. Qu'est-ce que le projet Victory ? L'intrigue psychologique, dense et captivante, pousse le spectateur à s’interroger.


Don't Worry Darling" est une réalisation originale, avec de super acteur, une atmosphère et une esthétique de grande qualité. Ce film délivre plusieurs messages d’une grande actualité pour la liberté de la femme. Le message le plus clair adressé à l’homme hétéro organisé et paternaliste peut se résumer comme suit : « Arrêtez de croire que vous savez ce qui est bon pour les femmes, et ce n’est surement pas de vous êtes soumise ».


On n’est plus en 1950…et le rêve américain ce n’est pas ça….


Ce film vaut vraiment la peine d’être vu, pour son intelligence et la qualité de sa réalisation, c’est un film travaillé. Le film n'est pas parfait, il y a d'ailleurs des critiques sévères mais il dépasse en qualité le cinéma fast-food que l'on nous sert habituellement.


Le regret que l'on peut émettre, c’est une fin insuffisante en termes d’explications, on a l’impression que l’on n’a pas eu le temps de finir et de donner une plus grande cohérence narrative sur le dénouement. La fin laisse sur sa faim. Mais cela reste un film original et incontournable. A voir.


En location sur internet, notamment Youtube pour 2,99 euros, voici un lien.

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